Le racisme anti-asiatique.

Publié par Vigdis Morisse Herrera le mardi 21 avril 2020

Jouez et apprenez
à parler le chinois

Cours de chinois en ligne

Victime de racisme ? Déposez plainte.

J'ai démarré mon apprentissage du chinois à 11 ans. 

J'étais une petite fille curieuse, amoureuse des écritures. 

Lors de vacances chez mon père, un ami à lui m'a demandé pourquoi je voulais "apprendre la langue des jaunes". Tout le monde a rigolé, moi je n'ai pas compris. Je me suis demandée ce qu'il y avait de drôle et pourquoi il me disait cela. Je me suis demandée comment un adulte pouvait dire les bêtises que j'entendais au collège à ce sujet, surtout à quel moment c'était drôle. Bêtement je croyais qu'en grandissant on s'améliorait...

Avec mon prénom : Vigdis, et mon nom de jeune fille alsacien, j'en ai connu des belles. 

Vigdis, c'est un prénom Islandais très commun.  Je ne suis pas islandaise, comme personne de ma famille, ma mère m'a choisi le prénom de la première femme présidente.




Française sur un bon nombre de générations avant moi, j'ai eu droit régulièrement à des propos racistes. Faut dire qu'en plus de cela j'ai cumulé, j'ai passé mon permis en Islande :

- ces profs qui me parlaient étrangement pour savoir si je comprennais le français.

- ces profs qui écorchaient mes noms et prénoms en me disant que dans leur pays c'est ainsi que ca se prononcait.

- ce guichetier de la poste qui m'a dit de "retourner voir dans mon pays si ce document marchait" en me jettant mon permis.

- cette grande compagnie d'assurance qui m'a dit d'aller me faire "assurer chez moi"  quand j'ai acheté ma première voiture.

- cette "influenceuse" qui m'a envoyée balader, me croyant chinoise quand j'ai pris contact avec elle au tout début des Petits Mandarins.

Je résume, y en a eu pas mal. Pas de bol j'ai du répondant et j'ai fait en sorte quand je le pouvais, de leur passer l'envie de s'exprimer ainsi face à des personnes étrangères.




Avant j'étais maîtresse, et j'ai vu mes jeunes élèves souffrir des propos racistes que leurs camarades pouvaient leur dire. D'autres jeunes enfants qui malheureusement répétaient ce qu'ils pouvaient entendre à la maison. Ca m'a toujours bouleversée, je n'y peux rien. J'ai toujours vu mon travail comme un moyen de semer des petites graines, des graines d'amour et de fraternité. C'est ce que j'ai toujours aimé dans les langues. La manière dont elles nous permettent de nous éveiller, de voir le monde différemment. Comment grâce à elle on élargit son champ de vision. Cette citation me parle beaucoup : 


« Les limites de ma langue sont les limites de mon univers » – Ludwig Wittgenstein


Depuis le début de la crise du coronavirus, nous avons à subir les commentaires racistes de certains sur nos réseaux sociaux. 

Ces commentaires ne nous touchent pas personnellement : nous n'avons pas de personne chinoise au sein de l'équipe. Par contre ces commentaires touchent notre vision du monde. Ils nous agressent et nous bouleversent : nous ne voulons qu'une chose, promouvoir les échanges entre les peuples. Faciliter la compréhension de l'autre.
Ces gens là nous montrent à quel point notre travail est essentiel. J'ai répondu à chacun avec patience, au rythme de mes montagnes russes émotionnelles : pas évident de répondre de manière posée quand on a envie de pleurer. Mais je suis consciente que cela m'est bien plus facile que si j'étais touchée directement.



J'ai été accompagnée par SOS RACISME dans mon dépôt de plainte. Suite à la médiatisation de celle-ci d'autres associations m'ont apporté leur soutien et m'ont demandé les suites à donner. Je ne savais pas quoi dire ou quoi faire, est-ce bien mon rôle à moi d'agir dans cette lutte ?

Aujourd'hui j'ai assisté à une nouvelle scène de haine sur Facebook. Notre amie Krys, dont vous avez apprécié les articles ici (retrouvez les en bas de page !), a fait un live avec son époux chinois. Tout se passait bien jusqu'à l'apparition d'un commentaire hideux qui a pris a partie directement la personne qu'elle aime.
Comme cela, gratuitement. sans autre raison que son origine.

J'écris ce texte d'une traite, sous la colère : son mari a accepté pour la première fois de faire un live avec elle, Krys était ravie de ce moment et de cet échange et voilà comment cela a fini. Voilà le traumatisme pour les deux. Vous avez toute ma compassion et mon immense sympathie dans ce moment.  Vous êtes ensemble c'est le principal ! <3 



Aujourd'hui cette haine a lieu sur internet. Mais demain ?
J'ai peur de cet après 11 mai 2020 où tous ces cachés derrière leurs écrans auront le droit de sortir. J'ai peur que des amis à moi se fassent agresser. Que des élèves subissent ces propos nauséeux. Aujourd'hui les asiatiques. Hier d'autres, demain des différents. 
La parole est libérée, le racisme est assez décomplexé. J'ai autant éprouvé de colère quand j'ai entendu que les vaccins pouvaient être testés en Afrique que quand j'ai entendus parler de Pokémons.



Alors aujourd'hui j'ai pris ma décision, c'est peut être plus facile pour nous d'agir car nous sommes touchés humainement pas personnellement. Nous espérons que l'action que nous mènerons aura l'impact nécessaire à une prise de conscience collective sur la nécessité de dénoncer et d'agir face aux répercussions de cette crise.

Il y a quelques années, j'étais avec ma fille alors âgée de 2 ans dans le tram. Un monsieur noir était à côté de nous. Ma fille, curieuse me demande à voix haute : "Maman pourquoi le monsieur il est noir ?" . J'ai vu le visage de mon voisin se refermer. 
J'ai répondu tendrement à ma fille que le monde était plus beau en couleur et que ce serait bien triste si nous étions tous pareil. Elle m'a répondu "d'accord", puis elle a joué avec le monsieur le reste du trajet. 

Je souhaite contribuer autant que possible à semer ces petites graines d'amour colorées.



Si vous êtes victimes, portez plainte.  Il est nécessaire d'agir pour vous et pour les autres. N'hésitez pas à vous rapprocher des associations ci-dessous pour vous accompagner et vous soutenir.

Publié par Vigdis Morisse Herrera

"La vie est un long champ à cultiver. Voyager, c'est y semer la diversité de la terre. Voyager, c'est l'embellir des couleurs du monde."

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Le racisme anti-asiatique.

Publié par Vigdis Morisse Herrera le mardi 21 avril 2020

Victime de racisme ? Déposez plainte.

J'ai démarré mon apprentissage du chinois à 11 ans. 

J'étais une petite fille curieuse, amoureuse des écritures. 

Lors de vacances chez mon père, un ami à lui m'a demandé pourquoi je voulais "apprendre la langue des jaunes". Tout le monde a rigolé, moi je n'ai pas compris. Je me suis demandée ce qu'il y avait de drôle et pourquoi il me disait cela. Je me suis demandée comment un adulte pouvait dire les bêtises que j'entendais au collège à ce sujet, surtout à quel moment c'était drôle. Bêtement je croyais qu'en grandissant on s'améliorait...

Avec mon prénom : Vigdis, et mon nom de jeune fille alsacien, j'en ai connu des belles. 

Vigdis, c'est un prénom Islandais très commun.  Je ne suis pas islandaise, comme personne de ma famille, ma mère m'a choisi le prénom de la première femme présidente.




Française sur un bon nombre de générations avant moi, j'ai eu droit régulièrement à des propos racistes. Faut dire qu'en plus de cela j'ai cumulé, j'ai passé mon permis en Islande :

- ces profs qui me parlaient étrangement pour savoir si je comprennais le français.

- ces profs qui écorchaient mes noms et prénoms en me disant que dans leur pays c'est ainsi que ca se prononcait.

- ce guichetier de la poste qui m'a dit de "retourner voir dans mon pays si ce document marchait" en me jettant mon permis.

- cette grande compagnie d'assurance qui m'a dit d'aller me faire "assurer chez moi"  quand j'ai acheté ma première voiture.

- cette "influenceuse" qui m'a envoyée balader, me croyant chinoise quand j'ai pris contact avec elle au tout début des Petits Mandarins.

Je résume, y en a eu pas mal. Pas de bol j'ai du répondant et j'ai fait en sorte quand je le pouvais, de leur passer l'envie de s'exprimer ainsi face à des personnes étrangères.




Avant j'étais maîtresse, et j'ai vu mes jeunes élèves souffrir des propos racistes que leurs camarades pouvaient leur dire. D'autres jeunes enfants qui malheureusement répétaient ce qu'ils pouvaient entendre à la maison. Ca m'a toujours bouleversée, je n'y peux rien. J'ai toujours vu mon travail comme un moyen de semer des petites graines, des graines d'amour et de fraternité. C'est ce que j'ai toujours aimé dans les langues. La manière dont elles nous permettent de nous éveiller, de voir le monde différemment. Comment grâce à elle on élargit son champ de vision. Cette citation me parle beaucoup : 


« Les limites de ma langue sont les limites de mon univers » – Ludwig Wittgenstein


Depuis le début de la crise du coronavirus, nous avons à subir les commentaires racistes de certains sur nos réseaux sociaux. 

Ces commentaires ne nous touchent pas personnellement : nous n'avons pas de personne chinoise au sein de l'équipe. Par contre ces commentaires touchent notre vision du monde. Ils nous agressent et nous bouleversent : nous ne voulons qu'une chose, promouvoir les échanges entre les peuples. Faciliter la compréhension de l'autre.
Ces gens là nous montrent à quel point notre travail est essentiel. J'ai répondu à chacun avec patience, au rythme de mes montagnes russes émotionnelles : pas évident de répondre de manière posée quand on a envie de pleurer. Mais je suis consciente que cela m'est bien plus facile que si j'étais touchée directement.



J'ai été accompagnée par SOS RACISME dans mon dépôt de plainte. Suite à la médiatisation de celle-ci d'autres associations m'ont apporté leur soutien et m'ont demandé les suites à donner. Je ne savais pas quoi dire ou quoi faire, est-ce bien mon rôle à moi d'agir dans cette lutte ?

Aujourd'hui j'ai assisté à une nouvelle scène de haine sur Facebook. Notre amie Krys, dont vous avez apprécié les articles ici (retrouvez les en bas de page !), a fait un live avec son époux chinois. Tout se passait bien jusqu'à l'apparition d'un commentaire hideux qui a pris a partie directement la personne qu'elle aime.
Comme cela, gratuitement. sans autre raison que son origine.

J'écris ce texte d'une traite, sous la colère : son mari a accepté pour la première fois de faire un live avec elle, Krys était ravie de ce moment et de cet échange et voilà comment cela a fini. Voilà le traumatisme pour les deux. Vous avez toute ma compassion et mon immense sympathie dans ce moment.  Vous êtes ensemble c'est le principal ! <3 



Aujourd'hui cette haine a lieu sur internet. Mais demain ?
J'ai peur de cet après 11 mai 2020 où tous ces cachés derrière leurs écrans auront le droit de sortir. J'ai peur que des amis à moi se fassent agresser. Que des élèves subissent ces propos nauséeux. Aujourd'hui les asiatiques. Hier d'autres, demain des différents. 
La parole est libérée, le racisme est assez décomplexé. J'ai autant éprouvé de colère quand j'ai entendu que les vaccins pouvaient être testés en Afrique que quand j'ai entendus parler de Pokémons.



Alors aujourd'hui j'ai pris ma décision, c'est peut être plus facile pour nous d'agir car nous sommes touchés humainement pas personnellement. Nous espérons que l'action que nous mènerons aura l'impact nécessaire à une prise de conscience collective sur la nécessité de dénoncer et d'agir face aux répercussions de cette crise.

Il y a quelques années, j'étais avec ma fille alors âgée de 2 ans dans le tram. Un monsieur noir était à côté de nous. Ma fille, curieuse me demande à voix haute : "Maman pourquoi le monsieur il est noir ?" . J'ai vu le visage de mon voisin se refermer. 
J'ai répondu tendrement à ma fille que le monde était plus beau en couleur et que ce serait bien triste si nous étions tous pareil. Elle m'a répondu "d'accord", puis elle a joué avec le monsieur le reste du trajet. 

Je souhaite contribuer autant que possible à semer ces petites graines d'amour colorées.



Si vous êtes victimes, portez plainte.  Il est nécessaire d'agir pour vous et pour les autres. N'hésitez pas à vous rapprocher des associations ci-dessous pour vous accompagner et vous soutenir.

Sources :

https://sos-racisme.org/
https://www.facebook.com/asiagora1901/
https://www.asia2point0.com/fr
https://www.lajcf.fr/
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