5 films pour travailler son chinois

Publié par Chloé Bonnadier le vendredi 24 avril 2020

Jouez et apprenez
à parler le chinois

Cours de chinois en ligne

Fan de septième art ? Vous passez difficilement une journée sans vous délecter d'une œuvre cinématographique (de plus ou moins bonne qualité) ? Alors pourquoi ne pas allier l'utile à l'agréable ? Regarder des films chinois est une bonne manière de travailler son oreille et d'acquérir du vocabulaire. Encore faut-il trouver des films en mandarin. Les œuvres les plus connues dans nos contrées sont souvent en cantonais, et lorsqu'on apprend le chinois de la métropole cela ne nous avance pas vraiment. Nous vous proposons donc une sélection de films pour changer des soirées chill où on zappe sur les sites de streaming sans savoir quoi regarder.

I wish I knew 海上传奇

Le premier film de cette liste est un documentaire du célèbre réalisateur chinois Jia Zhangke 贾樟柯. Au travers d'images d'un grand esthétisme, le film nous dépeint les grands changements de la ville de Shanghai depuis les années 30. En interrogeant 18 témoins, Jia Zhangke fait revivre l'histoire de cette mégalopole démesurée qui, frappée par la fièvre du néocapitalisme, s'est transformée de façon radicale en l'espace d'une vie. On y voit à la fois l'aspect gigantesque de cette ville et d'un autre côté sa fragilité, dans des plans qui rappellent le dérisoire de ces tours qui partent à l'assaut du ciel. Ces personnes racontent leurs histoires intrinsèquement liées à celle de la cité, ainsi le cinéaste ramène à la vie le Shanghai des concessions étrangères, celui des triades, ou de la révolution culturelle. Les témoins apportent leur propre vision, leurs propres sentiments de la ville au travers de leurs parcours très différents. Enfants de militants, ancienne ouvrière modèle de l'ère communiste ou encore milliardaire ex-ouvrier, tous ont leur propre ressenti pour cette métropole aux multiples facettes. Jia Zhangke nous propose avec ce film un véritable kaléidoscope d'images, d'histoires et de sentiments qui nous amènent à déambuler avec l'actrice Zhao Tao 趙濤 dans les rues sans fin de cette fourmilière qu'est Shanghai. Un régal pour les yeux, et un agréable moyen de se familiariser avec l'histoire de la Chine.


Mulan la guerrière légendaire 花木兰

Vous connaissez la version Disney par cœur ? Vous ne pouvez vous empêcher de chanter “ je saurais faire de vrais hommes de vous ” ? Alors vous allez adorer ce film. Hua Mulan est en réalité une légende ancienne chinoise dont on trouve les premières traces sous la dynastie Chen 陳朝 (557 – 589). Dans ce film, Jingle Ma (ou Ma Chuchen 马楚成) dépoussière ce vieux conte dans un film d'action teinté de mélo. L'histoire est la même, celle d'une jeune fille un peu garçon manqué qui décide de prendre la place de son père, vieux et malade dans l'armée. Le film se veut réaliste, les scènes de batailles sont violentes, et la romance entre Mulan et son beau prince passe loin au second plan. Il se concentre avant tout sur le personnage de Mulan, ses doutes, ses craintes, ses réflexions ses choix difficiles dans sa vie d'homme en tant que femme. L'atmosphère y est plutôt sinistre, loin des Mushu et des chansons Disney, mais il nous donne toutefois l'occasion de sourire une fois ou deux, ce qui constitue de vrais bouffées d'oxygène. L'esthétique est impeccable autant au niveau des décors, des paysages, que des costumes. La réalisation ne manque pas de panache et l'actrice Zhao Wei 赵薇 incarne une Mulan plutôt convaincante même si elle ne fait pas beaucoup d'effort pour cacher sa féminité. Si cela ne pose pas de problème au début du film où Mulan est censée être un très jeune homme, c'est plus difficile à avaler 12 ans après lors de sa dernière bataille. Néanmoins le film se regarde avec plaisir et c'est un très bon prétexte pour découvrir une version moins édulcorée de cette légende chinoise tout en travaillant la langue. 


Big fish and begonia 大鱼海棠

Changeons de registre avec un long métrage d’animation : sorti en 2016 et multiplement récompensé, Big fish et begonia est une véritable révélation. Chun est un être céleste vivant sous la mer. À ses 16 ans, elle est envoyée dans le monde des humains sous la forme d’un dauphin rouge afin d’accomplir son rituel de passage à l’âge adulte. Kun, un jeune garçon, va sacrifier sa vie afin de sauver la sienne. En signe de gratitude, Chun, aidée de son ami Qiu, va tenter de ramener l’esprit de Kun.  Ce dessin animé n’est pas sans rappeler les célèbres films du studio japonais Ghibli, mais à la sauce chinoise. La poésie qui règne tout au long de ce film est envoûtante, la qualité du dessin n’a rien à envier à ses voisins japonais et les personnages nous emportent dans un tourbillon de légendes et traditions chinoises ! Le film s’inspire de plusieurs éléments de la culture chinoise, entremêlant les recueils de légendes traditionnelles Shanhaijing ( Livre des monts et des mers ) et Soushen ji ( À la recherche des esprits ). Ainsi, même si certains éléments du récit et des images renvoient à l’imaginaire Ghibli (monde sous-marin à la Ponyo, héroïne valeureuse en lutte contre sa communauté telle Nausicaa, et univers folklorique foisonnant rappelant Le Voyage de Chihiro), le film trouve vraiment son identité par ce profond ancrage chinois. À regarder en famille ou entre amis, ce film est d’une esthétique parfaite qui saura ensorceler petits et grands.


The wandering earth 流浪地球

Restons dans les films récents avec The wandering earth, film réalisé par Frant Gwo et diffusé en 2019. Ici, il s’agit d’un film de science fiction. Vous aimez la technologie, les scénarios de fin du monde haletant (ou pas) où les héros doivent sauver la planète et l’humanité? Alors c’est le bon film. Le scénario qui sur le papier n’est pas extraordinaire - la terre est condamnée, l’humanité cherche un moyen de survivre - ne manque en fait pas d’originalité. Là où la plupart des films envoient les Hommes en exode à bord de carcasses rouillées au fin fond de l’univers, ici c’est la planète entière qui est envoyée se promener dans le néant intergalactique. Dans un futur proche, le soleil vieillit et est sur le point de se transformer en géante rouge, poussant le Gouvernement de la Terre Unie à fusionner en un gouvernement mondial et à lancer un projet visant à sortir la Terre du système solaire et se rendre au système Alpha Centauri, afin de préserver l'humanité. D'énormes propulseurs fonctionnant sur l'énergie de fusion sont construits sur toute la planète pour la déplacer.  Lors d’une panne d’un des propulseurs une équipe doit transporter un composant pour réparer le propulseur endommagé. Le film bien rythmé et aux effets spéciaux époustouflants se laisse regarder avec beaucoup de plaisir et nous amènera à tressaillir parfois pour la survie des héros et à travers eux du genre humain. À noter également que c’est la première fois que la Chine ne censure pas un film mettant en scène la destruction de Pékin et Shanghai.

Epouses et concubines 大红灯笼高高挂

Revenons vers la tradition chinoise pour le dernier film de cet article, Epouses et concubines est une adaptation par le grand cinéaste Zhang Yimou 张艺谋 du roman du même titre écrit par Su Tong 苏童 - que nous avons déjà présenté dans l’article sur les livres contemporains. L'histoire se situe en Chine centrale, pendant l'ère des seigneurs de la guerre chinois (1916-1928). Songlian, belle, 19 ans, instruite mais pauvre, sera la quatrième épouse du richissime Maître Chen. À son arrivée au domaine, un palais enclos de hauts murs, elle est présentée aux autres femmes du maître : la première épouse, Yun, la plus âgée est très attachée à la tradition bien que complètement délaissée par le maître ; puis la seconde épouse, Zhuoyun, semblant amicale et bavarde ; et enfin la troisième épouse, Meishan, ancienne chanteuse d'opéra chinois, accueillant Songlian en rivale. Bien que le scénario soit un pur produit de la tradition littéraire et artistique, le film est engagé, visuellement maniéré et d’une rare cruauté silencieuse. L’esthétique est travaillée, chaque couleur, forme, plan est réfléchi et porte une symbolique, comme ces lanternes rouges que l’on allume et déplace au bon vouloir du maître des lieux. Épouses et concubines, c’est la dictature des hommes, la société patriarcale dénoncée dans des plans froids et découpés à la règle, mais c’est aussi la dictature des traditions et des coutumes, d’un code de conduite qui rythme la vie comme la mort. Chef d’oeuvre du cinéma chinois, il permet d’appréhender ce qu'était la place des femmes dans la société féodale chinoise.


Publié par Chloé Bonnadier

"Celui qui déplace la montagne, c'est celui qui commence à enlever les petites pierres."

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Publié par Chloé Bonnadier le vendredi 24 avril 2020

Fan de septième art ? Vous passez difficilement une journée sans vous délecter d'une œuvre cinématographique (de plus ou moins bonne qualité) ? Alors pourquoi ne pas allier l'utile à l'agréable ? Regarder des films chinois est une bonne manière de travailler son oreille et d'acquérir du vocabulaire. Encore faut-il trouver des films en mandarin. Les œuvres les plus connues dans nos contrées sont souvent en cantonais, et lorsqu'on apprend le chinois de la métropole cela ne nous avance pas vraiment. Nous vous proposons donc une sélection de films pour changer des soirées chill où on zappe sur les sites de streaming sans savoir quoi regarder.

I wish I knew 海上传奇

Le premier film de cette liste est un documentaire du célèbre réalisateur chinois Jia Zhangke 贾樟柯. Au travers d'images d'un grand esthétisme, le film nous dépeint les grands changements de la ville de Shanghai depuis les années 30. En interrogeant 18 témoins, Jia Zhangke fait revivre l'histoire de cette mégalopole démesurée qui, frappée par la fièvre du néocapitalisme, s'est transformée de façon radicale en l'espace d'une vie. On y voit à la fois l'aspect gigantesque de cette ville et d'un autre côté sa fragilité, dans des plans qui rappellent le dérisoire de ces tours qui partent à l'assaut du ciel. Ces personnes racontent leurs histoires intrinsèquement liées à celle de la cité, ainsi le cinéaste ramène à la vie le Shanghai des concessions étrangères, celui des triades, ou de la révolution culturelle. Les témoins apportent leur propre vision, leurs propres sentiments de la ville au travers de leurs parcours très différents. Enfants de militants, ancienne ouvrière modèle de l'ère communiste ou encore milliardaire ex-ouvrier, tous ont leur propre ressenti pour cette métropole aux multiples facettes. Jia Zhangke nous propose avec ce film un véritable kaléidoscope d'images, d'histoires et de sentiments qui nous amènent à déambuler avec l'actrice Zhao Tao 趙濤 dans les rues sans fin de cette fourmilière qu'est Shanghai. Un régal pour les yeux, et un agréable moyen de se familiariser avec l'histoire de la Chine.


Mulan la guerrière légendaire 花木兰

Vous connaissez la version Disney par cœur ? Vous ne pouvez vous empêcher de chanter “ je saurais faire de vrais hommes de vous ” ? Alors vous allez adorer ce film. Hua Mulan est en réalité une légende ancienne chinoise dont on trouve les premières traces sous la dynastie Chen 陳朝 (557 – 589). Dans ce film, Jingle Ma (ou Ma Chuchen 马楚成) dépoussière ce vieux conte dans un film d'action teinté de mélo. L'histoire est la même, celle d'une jeune fille un peu garçon manqué qui décide de prendre la place de son père, vieux et malade dans l'armée. Le film se veut réaliste, les scènes de batailles sont violentes, et la romance entre Mulan et son beau prince passe loin au second plan. Il se concentre avant tout sur le personnage de Mulan, ses doutes, ses craintes, ses réflexions ses choix difficiles dans sa vie d'homme en tant que femme. L'atmosphère y est plutôt sinistre, loin des Mushu et des chansons Disney, mais il nous donne toutefois l'occasion de sourire une fois ou deux, ce qui constitue de vrais bouffées d'oxygène. L'esthétique est impeccable autant au niveau des décors, des paysages, que des costumes. La réalisation ne manque pas de panache et l'actrice Zhao Wei 赵薇 incarne une Mulan plutôt convaincante même si elle ne fait pas beaucoup d'effort pour cacher sa féminité. Si cela ne pose pas de problème au début du film où Mulan est censée être un très jeune homme, c'est plus difficile à avaler 12 ans après lors de sa dernière bataille. Néanmoins le film se regarde avec plaisir et c'est un très bon prétexte pour découvrir une version moins édulcorée de cette légende chinoise tout en travaillant la langue. 


Big fish and begonia 大鱼海棠

Changeons de registre avec un long métrage d’animation : sorti en 2016 et multiplement récompensé, Big fish et begonia est une véritable révélation. Chun est un être céleste vivant sous la mer. À ses 16 ans, elle est envoyée dans le monde des humains sous la forme d’un dauphin rouge afin d’accomplir son rituel de passage à l’âge adulte. Kun, un jeune garçon, va sacrifier sa vie afin de sauver la sienne. En signe de gratitude, Chun, aidée de son ami Qiu, va tenter de ramener l’esprit de Kun.  Ce dessin animé n’est pas sans rappeler les célèbres films du studio japonais Ghibli, mais à la sauce chinoise. La poésie qui règne tout au long de ce film est envoûtante, la qualité du dessin n’a rien à envier à ses voisins japonais et les personnages nous emportent dans un tourbillon de légendes et traditions chinoises ! Le film s’inspire de plusieurs éléments de la culture chinoise, entremêlant les recueils de légendes traditionnelles Shanhaijing ( Livre des monts et des mers ) et Soushen ji ( À la recherche des esprits ). Ainsi, même si certains éléments du récit et des images renvoient à l’imaginaire Ghibli (monde sous-marin à la Ponyo, héroïne valeureuse en lutte contre sa communauté telle Nausicaa, et univers folklorique foisonnant rappelant Le Voyage de Chihiro), le film trouve vraiment son identité par ce profond ancrage chinois. À regarder en famille ou entre amis, ce film est d’une esthétique parfaite qui saura ensorceler petits et grands.


The wandering earth 流浪地球

Restons dans les films récents avec The wandering earth, film réalisé par Frant Gwo et diffusé en 2019. Ici, il s’agit d’un film de science fiction. Vous aimez la technologie, les scénarios de fin du monde haletant (ou pas) où les héros doivent sauver la planète et l’humanité? Alors c’est le bon film. Le scénario qui sur le papier n’est pas extraordinaire - la terre est condamnée, l’humanité cherche un moyen de survivre - ne manque en fait pas d’originalité. Là où la plupart des films envoient les Hommes en exode à bord de carcasses rouillées au fin fond de l’univers, ici c’est la planète entière qui est envoyée se promener dans le néant intergalactique. Dans un futur proche, le soleil vieillit et est sur le point de se transformer en géante rouge, poussant le Gouvernement de la Terre Unie à fusionner en un gouvernement mondial et à lancer un projet visant à sortir la Terre du système solaire et se rendre au système Alpha Centauri, afin de préserver l'humanité. D'énormes propulseurs fonctionnant sur l'énergie de fusion sont construits sur toute la planète pour la déplacer.  Lors d’une panne d’un des propulseurs une équipe doit transporter un composant pour réparer le propulseur endommagé. Le film bien rythmé et aux effets spéciaux époustouflants se laisse regarder avec beaucoup de plaisir et nous amènera à tressaillir parfois pour la survie des héros et à travers eux du genre humain. À noter également que c’est la première fois que la Chine ne censure pas un film mettant en scène la destruction de Pékin et Shanghai.

Epouses et concubines 大红灯笼高高挂

Revenons vers la tradition chinoise pour le dernier film de cet article, Epouses et concubines est une adaptation par le grand cinéaste Zhang Yimou 张艺谋 du roman du même titre écrit par Su Tong 苏童 - que nous avons déjà présenté dans l’article sur les livres contemporains. L'histoire se situe en Chine centrale, pendant l'ère des seigneurs de la guerre chinois (1916-1928). Songlian, belle, 19 ans, instruite mais pauvre, sera la quatrième épouse du richissime Maître Chen. À son arrivée au domaine, un palais enclos de hauts murs, elle est présentée aux autres femmes du maître : la première épouse, Yun, la plus âgée est très attachée à la tradition bien que complètement délaissée par le maître ; puis la seconde épouse, Zhuoyun, semblant amicale et bavarde ; et enfin la troisième épouse, Meishan, ancienne chanteuse d'opéra chinois, accueillant Songlian en rivale. Bien que le scénario soit un pur produit de la tradition littéraire et artistique, le film est engagé, visuellement maniéré et d’une rare cruauté silencieuse. L’esthétique est travaillée, chaque couleur, forme, plan est réfléchi et porte une symbolique, comme ces lanternes rouges que l’on allume et déplace au bon vouloir du maître des lieux. Épouses et concubines, c’est la dictature des hommes, la société patriarcale dénoncée dans des plans froids et découpés à la règle, mais c’est aussi la dictature des traditions et des coutumes, d’un code de conduite qui rythme la vie comme la mort. Chef d’oeuvre du cinéma chinois, il permet d’appréhender ce qu'était la place des femmes dans la société féodale chinoise.


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