Après les grandes œuvres littéraires, nous nous attaquons désormais à la poésie. L’amour de la poésie est un point que la France et la Chine ont en commun. De tous temps, la Chine à toujours baignée dans la poésie. D’ailleurs il y avait même un petit « jeu » de création de poèmes entre amis. On s’asseyait au bord de la rivière chacun sur une rive puis on déposait un verre dans le lit de la rivière et, selon la rive que le verre touchait, la personne se trouvant devant devait boire et créer un poème. A défaut de pouvoir tous les découvrir, nous allons en découvrir 4 dans cet article.
水调歌头 Shuidiao Getou de Su Shi (Dynastie Song)
Su Shi était une grande personnalité de la Dynastie Song. Il est connu pour ses poèmes mais aussi pour son sens de la politique et de la gastronomie. Il a donné notamment son nom d’artiste à un pont de Hangzhou (le pont Dongpo) mais aussi son nom à une spécialité locale (le porc Dongpo). Vous reconnaitrez donc le nom de Su Dongpo.
Shuidiao Getou peut-être traduit comme « La mélodie de l’eau ».
C’est un poème chanté de type « ci » et ce type était très célèbre pendant la Dynastie Song. On comptait environ 800 mélodies et, étant donné que le nombre syllabes étaient déterminées par la mélodie, elles comportaient des règles strictes telles que le nombre de couplets, la disposition des rimes et des tons etc… Dans ce poème, Su Shi n'a pas vu son frère Su Zhe pendant 7 ans et il lui manque. De plus, Su Shi se sent perdu dans sa carrière politique. C'est le festival de la mi-automne et donc en voyant la lune beaucoup de sentiments font surface mais malgré cela il fait part de son point de vue optimiste sur la vie.
望庐山瀑布 Wang Lu Shan Pubu de Li Bai (Dynastie Tang)
Wang Lu Shan Pubu signifie « regarder la cascade du mont Lu ».
Le Mont Lu se trouve dans la région du Jiangxi, dans le Sud-Est de la Chine. Peu avant la fin de sa vie, le poète se retira dans ces montagnes en tant qu’ermite taoïste où il eut la chance de voir la beauté du paysage. Sachez que cette montagne est d’ailleurs classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Avant sa retraite, Li Bai avait visité le temple suspendu de Datong dans la province du Shanxi et avait marqué le mot « Zhuangguan » qui veut dire « Grandiose ». Cela montre notamment le lien fort entre Li Bai et les montagnes.
登鹳雀楼 Deng Guan Que Lou de Wang Zhi Huan (Dynastie Tang)
Ce poème est bien plus court que les deux précédents et il a pourtant tout autant de force.
La première phrase se concentre sur la beauté du paysage et des sublimes couleurs qu’il renvoit, une montagne que le soleil illumine de sa lumière et le Fleuve Jaune dont le courant semble déferler tel la mer.
On pourrait croire qu’il s’agit juste de monter les escaliers de « La tour de la Cigogne » pour avoir accès à une vue splendide mais ce que veut faire partager le poète est plus profond que ça. En effet, le poème a une portée plus moralisatrice. Il est dit que si on veut profiter de la plus belle vue, il faut avoir le courage de monter un étage de plus, donc afin de pouvoir obtenir ce que l’on désire il faut persévérer et ne pas hésiter à faire des efforts pour y arriver.
Un beau poème pour se tenir à ses objectifs n’est-ce pas ?
游子吟 You Zi Yin de Meng Jiao (Dynastie Tang)
Le poème le plus triste de cet article mais aussi sans doute le plus fort tant le concept de piété filial (respect et obéissance envers ses parents et ancêtres) est fort en Chine.
« Le Chant d’un Vagabond » est un poème que tous les enfants de Chine savent réciter et qui est dans le cœur de tous les Chinois habitant à l’étranger.
Le poème parle d’un lien d’une mère à son enfant (normalement c’est un fils mais dans les conditions actuelles on peut dire enfant) qui quitte la maison. Elle lui coud ses vêtements tout en espérant que celui-ci revienne sain et sauf. Le poème parle de l’amour d’une mère qui ressemble à la douceur et à la chaleur du printemps. Meng Jiao est réputé pour la force de ses poèmes et ce poème est l’un des plus puissants qu’il ait pu écrire.
Et vous, quel poème vous a le plus émus ?