5 Grands classiques de la littérature chinoise

Publié par Chloé Bonnadier le samedi 19 octobre 2019

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à parler le chinois

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Lorsque l'on parle de culture chinoise on se figure les temples, le thé, la médecine traditionnelle, mais la culture passe aussi par les écrits. La littérature chinoise est riche et foisonnante d'auteurs à la plume habile. Qu'on lise des œuvres classiques empreintes de mysticisme et de mythologie ou qu'on s'intéresse à l'écriture d'avant-garde des auteurs de la révolution littéraire, il y en a pour tous les goûts. Quelle meilleure façon de s'imprégner d'une culture que de plonger son esprit dans un roman ? Pour vous aider, nous vous proposons de découvrir les cinq grands classiques de la littérature chinoise.

Les cinq livres extraordinaires 五大名著

Comment aborder la littérature chinoise sans parler des cinq grands classiques ? Aussi appelés les cinq livres-fleuves, ces œuvres sont considérées comme l'apogée des romans classiques de la Chine. Tous les chinois connaissent bien ces histoires, qu'il s'agisse du facétieux roi-singe ou des héroïques brigands des marais, ces personnages et ces écrits ont inspiré nombre de pièces de théâtre, d'opéras, de films et de légendes connues de tous en terre du milieu. Ces romans nous offrent une illustration des valeurs morales de la société chinoise à travers quatre grands styles littéraires : le roman historique, le roman de cape et d'épée, le roman fantastique et le roman de mœurs.

Les trois royaumes 三國演義


Les trois royaumes est un roman historique écrit par Luo Guanzhong 羅貫中, écrivain de la fin des Yuan 元朝 et du début des Ming 明朝. L'intrigue prend place lors du déclin de la dynastie Han 汉朝 et de la période des trois royaumes soit aux environs de 169 à 280 de notre ère. Les évènements de cette période ont d'abord été relatés par l'écrivain Chen Shou 陈寿 au IIIe siècle, avant d'être racontés et modifiés par de nombreux conteurs au fil des siècles devenant peu à peu des légendes et récits mythologiques. Le roman est une compilation de ces diverses versions, apportant à la fois la rigueur des faits historiques et le mysticisme des légendes, mêlant faits réels et fiction. On prend ainsi beaucoup de plaisir à être plongé dans l'histoire ancienne de la Chine en suivant la rébellion des turbans jaunes,  l'ascension du terrible général Caocao 曹操 – qui a d'ailleurs donné naissance au dicton : 说曹操,曹操到 l'équivalent sinisant de notre « quand on parle du loup on en voit la queue » - ou encore à suivre les batailles qui feront ou déferont ces trois royaumes. Un bon moyen d'en apprendre plus sur l'histoire et les croyances de l'empire du milieu sans  la lourdeur des ouvrages académiques.

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Le voyage vers l'occident 西游记


Aussi appelé La pérégrination vers l'ouest, ce roman est certainement le plus emblématique de la littérature classique chinoise. Ce roman fantastique a donné naissance à de nombreuses adaptations que ce soit à l'opéra de Pékin, au théâtre ou à la télévision. Sa popularité a largement dépassé les frontières de la Chine, notamment grâce à son personnage haut en couleur, Sun Wukong 孙悟空, plus connu dans nos contrées sous le nom de Roi-singe ou roi des singes. Si ce personnage a le plus marqué les esprits, l'histoire tourne en réalité autour d'un moine bouddhiste, Xuan Zang 玄奘, le moine Tripitaka de l'empire des Tang, parti vers l'occident à la recherche de saintes écritures bouddhistes. Lors de son long périple, notre brave moine se fait accompagner de Sun Wukong 孙悟空 (conscient de la vacuité), singe immortel (et modeste) jadis autoproclamé « Esprit saint à l'égal du ciel », d'un roi-dragon Long Wang San Jun龍王三君, transformé en cheval Bai Long Ma (le cheval dragon blanc) servant de monture à notre jeune bonze, d'un porc nommé Zhu Bajie 猪八戒, aussi appelé悟能 Wuneng (conscient de ses capacités) qui ne pense qu'à s'empiffrer et fonder une famille, et enfin d'un moine des sables Sha He Shang 沙和尚 aussi nommé 悟净 Wujing (conscient de la pureté) qui ne cherche, lui, qu'à devenir meilleur. Si c'est le sourire aux lèvres que l'on se plonge dans les aventures de cette compagnie pittoresque, cet œuvre est aussi une lucarne sur la période des Ming 明朝, dont on peut voir les rouages politiques et administratifs dans l'entourage de nos héros et de leurs relations. Elle est également très représentative du syncrétisme religieux, mélange de  bouddhisme, taoïsme et confucianisme.

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Au bord de l'eau水浒传

Moins connu à l'étranger mais tout aussi populaire en Chine, Au bord de l'eau nous conte l'histoire de 108 brigands – représentants les trente-six astres célestes et les 72 astres terrestres – qui se révoltent contre un empire Song 宋朝 en déclin et rongé par la corruption. Bien que le grand nombre de personnages puisse d'abord laisser dubitatif, à la fois hauts en couleur et d'une plus grande finesse qu'il n'y paraît, c'est avec une passion grandissante qu'on suit le soulèvement progressif de cette bande de hors-la-lois, bandits et voleurs, plus ou moins talentueux. Anciens généraux déchus, tueurs, philosophes, moines, anarchistes, intellectuels, ces personnages hauts en charisme ont donné naissance à d'innombrables expressions littéraires ou populaires. Ainsi Li Kui 李悝, homme irascible et violent mais profondément dévoué à sa mère impotente, vient prêter son nom aux personnes dont les défauts évidents masquent des qualités cachées. Récit de la tradition orale chinoise, écrit et compilé par plusieurs auteurs, on attribut malgré tout la paternité de cette œuvre à Shi Nai'an 施耐庵, écrivain contemporain des Ming 明朝. Pur roman de cape et d'épée, Au bord de l'eau tiens en Chine une place équivalente aux Trois Mousquetaires de Alexandre Dumas en France.

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Fleur en fiole d'or 金瓶梅

Cet ouvrage dont l'auteur est encore inconnu à ce jour a été interdit en chine pendant des siècles, considéré comme un roman pornographique. Publié par un auteur inconnu sous le pseudonyme de Liang Xiaoxiao Sheng 蘭陵笑笑生, ce roman érotique se compose de 100 chapitres et 120 poésies qui nous dépeignent la vie de Ximen Qing 西門慶, riche marchand puis mandarin, et de ses compagnes ; épouses, concubines, servantes. Riche arriviste, marchand corrompu et lubrique, Ximen Qing s'entoure de six épouses et concubines. Nous suivons alors les luttes intestines et sexuelles de ces femmes pour gagner en influence et en prestige au sein du clan Ximen alors que celui-ci décline au fur et à mesure des pages. Plus qu'un simple roman érotique, Fleur en fiole d'or est un véritable roman de mœurs naturaliste qui nous permet de mieux appréhender la vie des classes dirigeantes et la place des femmes dans la Chine ancienne. Bien qu'interdit sur le territoire Chinois jusqu'en 2006, la plupart des auteurs et intellectuels chinois l'ont lu sous cape, le critique Zhao Zhupo du début de la dynastie Qing 清朝 remarque que ceux qui considèrent Jin Ping Mei comme un ouvrage pornographique « ne lisent que les passages pornographiques ». De même Lu Xun 鲁迅, auteur influent de la littérature moderne, le considère comme « le plus célèbre roman de mœurs » et analyse qu'il est « en fait une condamnation de la classe dirigeante ».

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Le rêve dans le pavillon rouge 红楼梦

Ce roman vient s'ajouter aux quatre grands classiques chinois à la manière de D'Artagnan dans les trois mousquetaires. Son auteur Cao Xueqin 曹雪芹 mettra environs dix ans pour le rédiger et le publier sous la dynastie Qing. Considéré par Mao Zedong 毛泽东 comme l'une des fiertés de la Chine, et plus généralement comme à l'apogée de l'art romanesque chinois, Le rêve dans le pavillon rouge figure parmi la collection UNESCO d'oeuvres représentatives. Et pour cause, ce roman est un chef-d'oeuvre à plusieurs étages, il permet différents niveaux de lecture et son étude a donné naissance à la rougeologie. La rougeologie attire et fascine des lecteurs et lettrés du monde entier, bien au delà de la sphère chinoise, ce qui souligne la dimension universelle de l'ouvrage. Saga familiale, Le rêve dans le pavillon rouge intercale prose et vers pour faire revivre une adolescence passée dans une famille mandchoue. Le livre a pour thème principal la décadence de la classe dirigeante et l'impossibilité de ces familles à trouver des successeurs aptes à faire face. Tout ceci vient se cristalliser autour de Jia Baoyu, jeune héritier d'une famille alliée au trône impérial, qui se révèle bien plus rêveur et intéressé par les aventures, qu'attaché à éviter le déclin de sa famille. Le récit s'articule autour d'épisodes à la manière des séries télévisées, laissant un suspens à chaque fin de récit. Si sur cet aspect le roman se lit vite et peut se laisser dévorer, il ne se limite pas à cela. Autour de l'histoire « terrestre » de Jia Baoyu se trouve une dimension plus céleste où mythologie et philosophie se mêlent pour donner une toute autre dimension à l'oeuvre.

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Publié par Chloé Bonnadier

"Celui qui déplace la montagne, c'est celui qui commence à enlever les petites pierres."

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5 Grands classiques de la littérature chinoise

Publié par Chloé Bonnadier le samedi 19 octobre 2019

Lorsque l'on parle de culture chinoise on se figure les temples, le thé, la médecine traditionnelle, mais la culture passe aussi par les écrits. La littérature chinoise est riche et foisonnante d'auteurs à la plume habile. Qu'on lise des œuvres classiques empreintes de mysticisme et de mythologie ou qu'on s'intéresse à l'écriture d'avant-garde des auteurs de la révolution littéraire, il y en a pour tous les goûts. Quelle meilleure façon de s'imprégner d'une culture que de plonger son esprit dans un roman ? Pour vous aider, nous vous proposons de découvrir les cinq grands classiques de la littérature chinoise.

Les cinq livres extraordinaires 五大名著

Comment aborder la littérature chinoise sans parler des cinq grands classiques ? Aussi appelés les cinq livres-fleuves, ces œuvres sont considérées comme l'apogée des romans classiques de la Chine. Tous les chinois connaissent bien ces histoires, qu'il s'agisse du facétieux roi-singe ou des héroïques brigands des marais, ces personnages et ces écrits ont inspiré nombre de pièces de théâtre, d'opéras, de films et de légendes connues de tous en terre du milieu. Ces romans nous offrent une illustration des valeurs morales de la société chinoise à travers quatre grands styles littéraires : le roman historique, le roman de cape et d'épée, le roman fantastique et le roman de mœurs.

Les trois royaumes 三國演義


Les trois royaumes est un roman historique écrit par Luo Guanzhong 羅貫中, écrivain de la fin des Yuan 元朝 et du début des Ming 明朝. L'intrigue prend place lors du déclin de la dynastie Han 汉朝 et de la période des trois royaumes soit aux environs de 169 à 280 de notre ère. Les évènements de cette période ont d'abord été relatés par l'écrivain Chen Shou 陈寿 au IIIe siècle, avant d'être racontés et modifiés par de nombreux conteurs au fil des siècles devenant peu à peu des légendes et récits mythologiques. Le roman est une compilation de ces diverses versions, apportant à la fois la rigueur des faits historiques et le mysticisme des légendes, mêlant faits réels et fiction. On prend ainsi beaucoup de plaisir à être plongé dans l'histoire ancienne de la Chine en suivant la rébellion des turbans jaunes,  l'ascension du terrible général Caocao 曹操 – qui a d'ailleurs donné naissance au dicton : 说曹操,曹操到 l'équivalent sinisant de notre « quand on parle du loup on en voit la queue » - ou encore à suivre les batailles qui feront ou déferont ces trois royaumes. Un bon moyen d'en apprendre plus sur l'histoire et les croyances de l'empire du milieu sans  la lourdeur des ouvrages académiques.

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Aussi appelé La pérégrination vers l'ouest, ce roman est certainement le plus emblématique de la littérature classique chinoise. Ce roman fantastique a donné naissance à de nombreuses adaptations que ce soit à l'opéra de Pékin, au théâtre ou à la télévision. Sa popularité a largement dépassé les frontières de la Chine, notamment grâce à son personnage haut en couleur, Sun Wukong 孙悟空, plus connu dans nos contrées sous le nom de Roi-singe ou roi des singes. Si ce personnage a le plus marqué les esprits, l'histoire tourne en réalité autour d'un moine bouddhiste, Xuan Zang 玄奘, le moine Tripitaka de l'empire des Tang, parti vers l'occident à la recherche de saintes écritures bouddhistes. Lors de son long périple, notre brave moine se fait accompagner de Sun Wukong 孙悟空 (conscient de la vacuité), singe immortel (et modeste) jadis autoproclamé « Esprit saint à l'égal du ciel », d'un roi-dragon Long Wang San Jun龍王三君, transformé en cheval Bai Long Ma (le cheval dragon blanc) servant de monture à notre jeune bonze, d'un porc nommé Zhu Bajie 猪八戒, aussi appelé悟能 Wuneng (conscient de ses capacités) qui ne pense qu'à s'empiffrer et fonder une famille, et enfin d'un moine des sables Sha He Shang 沙和尚 aussi nommé 悟净 Wujing (conscient de la pureté) qui ne cherche, lui, qu'à devenir meilleur. Si c'est le sourire aux lèvres que l'on se plonge dans les aventures de cette compagnie pittoresque, cet œuvre est aussi une lucarne sur la période des Ming 明朝, dont on peut voir les rouages politiques et administratifs dans l'entourage de nos héros et de leurs relations. Elle est également très représentative du syncrétisme religieux, mélange de  bouddhisme, taoïsme et confucianisme.

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Moins connu à l'étranger mais tout aussi populaire en Chine, Au bord de l'eau nous conte l'histoire de 108 brigands – représentants les trente-six astres célestes et les 72 astres terrestres – qui se révoltent contre un empire Song 宋朝 en déclin et rongé par la corruption. Bien que le grand nombre de personnages puisse d'abord laisser dubitatif, à la fois hauts en couleur et d'une plus grande finesse qu'il n'y paraît, c'est avec une passion grandissante qu'on suit le soulèvement progressif de cette bande de hors-la-lois, bandits et voleurs, plus ou moins talentueux. Anciens généraux déchus, tueurs, philosophes, moines, anarchistes, intellectuels, ces personnages hauts en charisme ont donné naissance à d'innombrables expressions littéraires ou populaires. Ainsi Li Kui 李悝, homme irascible et violent mais profondément dévoué à sa mère impotente, vient prêter son nom aux personnes dont les défauts évidents masquent des qualités cachées. Récit de la tradition orale chinoise, écrit et compilé par plusieurs auteurs, on attribut malgré tout la paternité de cette œuvre à Shi Nai'an 施耐庵, écrivain contemporain des Ming 明朝. Pur roman de cape et d'épée, Au bord de l'eau tiens en Chine une place équivalente aux Trois Mousquetaires de Alexandre Dumas en France.

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Le rêve dans le pavillon rouge 红楼梦

Ce roman vient s'ajouter aux quatre grands classiques chinois à la manière de D'Artagnan dans les trois mousquetaires. Son auteur Cao Xueqin 曹雪芹 mettra environs dix ans pour le rédiger et le publier sous la dynastie Qing. Considéré par Mao Zedong 毛泽东 comme l'une des fiertés de la Chine, et plus généralement comme à l'apogée de l'art romanesque chinois, Le rêve dans le pavillon rouge figure parmi la collection UNESCO d'oeuvres représentatives. Et pour cause, ce roman est un chef-d'oeuvre à plusieurs étages, il permet différents niveaux de lecture et son étude a donné naissance à la rougeologie. La rougeologie attire et fascine des lecteurs et lettrés du monde entier, bien au delà de la sphère chinoise, ce qui souligne la dimension universelle de l'ouvrage. Saga familiale, Le rêve dans le pavillon rouge intercale prose et vers pour faire revivre une adolescence passée dans une famille mandchoue. Le livre a pour thème principal la décadence de la classe dirigeante et l'impossibilité de ces familles à trouver des successeurs aptes à faire face. Tout ceci vient se cristalliser autour de Jia Baoyu, jeune héritier d'une famille alliée au trône impérial, qui se révèle bien plus rêveur et intéressé par les aventures, qu'attaché à éviter le déclin de sa famille. Le récit s'articule autour d'épisodes à la manière des séries télévisées, laissant un suspens à chaque fin de récit. Si sur cet aspect le roman se lit vite et peut se laisser dévorer, il ne se limite pas à cela. Autour de l'histoire « terrestre » de Jia Baoyu se trouve une dimension plus céleste où mythologie et philosophie se mêlent pour donner une toute autre dimension à l'oeuvre.

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