Apprentissage

Chinois - Français, des langues si différentes ?

Par Chloé Bonnadier

« Pour moi c'est du chinois ! » Cette expression est claire de transparence, on comprend bien qu'elle signifie que vous ne captez pas un mot de ce qui se dit. Pour cause, le chinois a pour réputation d'être une langue obscure et éloignée, que seuls quelques rares initiés ont le pouvoir de pratiquer. Bon, si vous êtes des fans des Petits Mandarins, vous savez déjà que c'est faux ! Mais, pour enfoncer un peu le clou, je vous propose de découvrir ensemble quelques preuves linguistiques qui démontrent que nos deux langues ne sont pas si diamétralement opposées.

Oui, nous français sommes très attachés à notre belle langue, si élégante. Nous en sommes très fiers, et nous avons raison. Nous tâchons de la garder aussi authentique que possible. Mais comme toute langue, elle subit les influences des autres idiomes du monde. Vous connaissez déjà les anglicismes tels que : “bye !”, “upgrader”, “football”, “spoiler”, “deadline”, etc. Mais savez-vous que notre langue est aussi truffée de mots empruntés au chinois ? Vous ne me croyez pas ? Et pourtant certains sont assez évidents. Par exemple le litchi, petit fruit délicieux qui nous vient directement de l'Empire du Milieu. Sa prononciation en français est directement héritée du mot chinois 荔枝 Lìzhī. Le nom original du fruit a été passé au crible des schèmes de notre langue pour être ensuite assimilé comme un mot de la langue française. D'autres mots ont de la même manière été intégrés à nos dictionnaires, c'est le cas du mot « tofu » qui dérive du terme chinois 豆腐 Dòufu, ou encore « Kung-fu » déformation de 功夫 Gōngfū. Mais d'autres, sont un peu moins évidents. C'est le cas par exemple du mot « ketchup ». Comment, vous pensiez qu'on avait emprunté ce mot à nos voisins américains ? Que nenni ! Ce nom nous viendrait d'un dialecte de la province de Fujian 福建 dans la Chine du sud. Le terme « kôe-chiap » était utilisé dans ces contrées pour désigner du poisson saumuré, il aura été transmis puis déformé au cours des siècles pour enfin désigner notre sauce tomate sucrée actuelle. Un autre exemple nous venant des siècles précédents est celui de notre fameux « Tchin-tchin ». Cette locution que nous utilisons volontiers quand nous levons le coude entre amis, aurait elle aussi traversé le temps depuis le lointain empire oriental. Pour retracer l'histoire de notre invitation à boire préférée, il faut nous rendre sous Napoléon III. Des soldats revenus de Chine auraient expliqué que nos amis asiatiques buvaient en échangeant des « tchin-tchin ». En réalité ils se gratifiaient bien plus vraisemblablement de 请请 Qǐng qǐng, signifiant « je vous en prie ».


De même, les échanges entre notre pays et la Chine ont laissé des traces dans le chinois moderne. Sans surprise l'ouverture de la Chine sur le monde a apporté des échanges commerciaux qui ont entraîné des adaptations de noms venus de l'occident. Ainsi certaines marques ont trouvé de nouvelle graphies et phonétiques, la marque Carrefour bien implantée en Chine est rebaptisé 家乐福 Jiālèfú en mandarin, que l'on peut traduire grossièrement par « le bonheur de la famille ». Et la marque Nike se voit renommée 耐克 Nàikè composée des sinogrammes « endurer » et « surmonter ». Mais au delà des noms de marques et des noms propres, certains mots courants sont aussi dérivés de notre langue. Parmi eux on peut notamment retrouver : 沙拉 shā là salade, 阿司匹林 ā sī pǐ lín aspirine, 咖啡 kā fēi café, 克隆 kè lóng clone, 逻辑 luó ji logique, 摩托 moto etc. On constate que la grande majorité des mots français empruntés par nos amis orientaux sont des transcriptions phonétiques. 

Au final on constate qu'il existe une grande diversité de mots transparents entre la langue de Lao Tseu et celle de Molière. Alors, le Mandarin vous paraît-il toujours aussi occulte ?
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